C’est bien connu, le PNDS-Tarraya a une longue tradition de purge dans ses propres rangs. La dernière victime en date n’est autre que l’ancien gouverneur de la région de Diffa, Issa Lemine. Retour sur une exclusion teintée d’intrigues.
Une tradition de purge
Issa Bagalam, Me Souley, Sabo Saïdou, Adji Kirgam, Ibrahim Yacouba, Ousmane Idi Ango, la liste des militants exclus du PNDS-Tarraya est longue comme le bras. Quand il s’agit de purger, le Comité Exécutif National du PNDS-Tarayya a les mots qu’il faut : « […]Depuis sa création en 1990, notre parti n’a jamais été confronté à une telle épreuve, jamais sa direction n’a vu son autorité défiée à ce point, jamais nos règles n’ont été bafouées de cette façon et jamais, un camarade, n’a eu si peu d’égards pour les impératifs d’unité et de discipline, dont seule l’observance stricte nous a permis de tenir face aux nombreuses vicissitudes par lesquelles nous sommes passés », lit-on dans la ‘’fatwa’’ consacrant l’exclusion d’Ibrahim Yacouba ce 25 août 2015. « […] Dans sa déclaration du 23 août 2015, Ibrahim Yacouba a exprimé tout son mépris pour Foumakoye Gado et les camarades dirigeants les structures de Doutchi, les traitant d’impopulaires et d’incapables, oubliant que quand lui faisait, grâce à la Douane, cet argent dont il se prévaut aujourd’hui et sur lequel il compte tant, eux étaient au parti dans le dénuement total faisant passer nos suffrages de 9000 voix en 1993 à 71.000 voix en 2011 », a précisé l’instance faitière du parti au pouvoir. À quelques détails près, ce sont les mêmes griefs qui ont visé Issa Lemine, l’ancien gouverneur de Diffa et non moins militant de taille du PNDS-Tarraya.
Accusations croisées
Dans une correspondance en date du 7 mars 2023, la section PNDS-Tarraya de N’Gourti demande au président du CEN/PNDS-Tarraya l’exclusion de Issa Lemine des rangs du parti au pouvoir. Ce dernier aurait tenu des propos racistes et ethnocentristes de nature à saper la « cohésion sociale et l’unité nationale ». Il aurait injurié le député Mohamed Ben Mabrouk. Il aurait constitué un ‘’clan’’ qu’il entretiendrait à ‘’grands frais’’. Bref, les critiques contre Issa Lemine sont aussi vastes que l’immensité désertique de son fief électoral qu’est N’Gourti. Pour les soutiens de l’ancien gouverneur de Diffa, la lettre accusatrice qui vise leur champion est « initiée à Niamey par le député Mohamed Ben Mabrouk et un de ses larbins avec pour objectif de discréditer et ternir l’image et la réputation de certaines personnalités membres de la section de N’Gourti pour cause de jalousie extrême ». Où se situe la vérité dans ce ballet d’accusations formulées de part et d’autre ? Une chose est certaine, outre sa casquette de parlementaire, Ben Mabrouk est également le président du Conseil d’administration de la Société de raffinage de Zinder (SORAZ). Précision de taille, Ben Mabrouk est le beau-frère du président de la République. Une proximité qui compte énormément en politique.
Exclusion à la Staline
Donnant suite à la sollicitation de la section de N’Gourti, le CEN/PNDS-Tarraya s’est réuni ce dimanche 26 mars 2023 à Niamey. Sans surprise, Issa Lemine est exclu des rangs du parti au pouvoir. Seulement, cette décision est teintée d’intrigues. C’est du moins l’avis de plusieurs observateurs. Selon nos sources, la Fédération de Diffa qui coiffe N’Gourti d’où est partie la brouille, a clairement privilégié la conciliation entre Ben Mabrouk et Issa Lemine, le différend entre ces derniers serait plus une affaire de personne qu’un problème en lien avec le parti. C’est dire que l’option de l’exclusion pure et dure n’a pas été envisagée au niveau local. C’est ainsi que Ahmet Hameda, transfuge de Lumana, et président de la Fédération PNDS-Tarayya de Diffa, a personnellement porté le différend à Niamey devant l’instance faitière du parti au pouvoir. Mais contre toute attente, le CEN/PNDS-Tarraya a opté pour la purge, Issa Lemine est banni de sa famille politique. Ahmet Hameda n’a-t-il pas réussi à convaincre le CEN/PNDS-Tarraya de la nécessité d’amener Ben Mabrouk et Issa Lemine à faire la paix entre eux ? Issa Lemine a-t-il été entendu par le CEN/PNDS avant son exclusion ? La sanction (pour le moins sévère) qui vient de frapper l’ancien gouverneur de la région de Diffa a-t-elle été prise d’avance ? Issa Lemine ne s’est-il pas frotté à plus puissant que lui ? Autant de questions que se posent les observateurs. Une fois de plus, la discipline de fer a prévalu au sein du PNDS-Tarraya. D’aucuns parlent de méthode stalinienne. Issa Lemine et ses soutiens ne peuvent soutenir le contraire.