Courant semaine dernière, le parlement européen a voté une résolution pour exiger ‘’la libération immédiate et inconditionnelle du Président Mohamed Bazoum, l’abandon de toutes les charges pesant contre lui et son rétablissement dans ses fonctions’’. Une autre résolution émanant des députés du groupe parlementaire du parti du président Macron a aussi ‘’invité le Conseil européen à appliquer des sanctions contre les dirigeants de la junte au pouvoir’’, quatre (4) mois après l’éviction du sieur Bazoum du pouvoir et la mise en place progressive des organes chargés de la conduite de la transition militaire.
Même les plus incrédules ne peuvent plus nier aujourd’hui l’évidence. Le parlement de l’Union européenne a décidé de s’aligner derrière la position de la France qui est engagée dans une logique de démantèlement de notre pays depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023, qui met à mal ses intérêts assurés par le président déchu Bazoum Mohamed. Si les parlementaires des autres pays de ladite Union acceptent aussi de soutenir aveuglement la France au nom d’un principe de solidarité pour faire souffrir nos populations, il n’y a plus de raison à ce qu’on leur fasse des concessions.
Si quatre mois après le renversement de Bazoum du pouvoir par le CNSP, ils tiennent encore à son élargissement et son rétablissement dans ses fonctions pour prétendre à une normalisation de leurs relations avec notre pays, c’est qu’ils méprisent royalement le peuple nigérien qu’ils ne sont pas parvenus à faire plier par leur embargo financier et les sanctions illégales et iniques de la CEDEAO. ‘’Cabri mort n’a pas peur de couteau’’, a entonné le célèbre chanteur-rasta Alpha Blondy dans un de ses tubes. De quelles formes de sanctions les Nigériens peuvent-ils encore avoir peur, après la menace d’agression armée et les sanctions économiques et politiques inhumaines de l’institution régionale face auxquelles ils résistent depuis 4 mois aujourd’hui ?
Le retour du boomerang
La CEDEAO et l’Union européenne ont eu jusqu’ici la gâchette facile. Même lorsqu’elles nous tirent dessus sans nous atteindre mortellement, nous mettons du temps avant de riposter en nous ‘’victimisant’’ le plus souvent. Cette posture adoptée par le CNSP a montré ses limites. Il nous faut rougir les yeux pour montrer à cette communauté internationale que nous avons aussi des flèches dans le carquois pour faire mal. En réagissant du tac au tac. La France de Macron est furieuse parce qu’on a osé chasser ses soldats inutiles implantés dans notre pays pour prétendument lutter contre le terrorisme.
Non satisfaite des effets néfastes du gel de ses appuis financiers à travers l’Agence française de développement (AFD), elle a aussi décidé de suspendre la coopération scientifique, culturelle et technique avec notre pays et nos deux alliés stratégiques, le Burkina Faso et le Mali. Plus de visa pour les étudiants et artistes de nos trois pays, telle est la décision insensée contre laquelle les autorités de la transition viennent de réagir, en dénonçant l’accord bilatéral de 1977 concernant le ‘’Centre culturel franco-nigérien’’. De facto, la dénonciation met aussi en cause l’annexe de Zinder entériné par un accord de 1991.
Selon Africa Intelligence, cette dénonciation a respecté la voie à suivre en la matière. En début novembre, le CNSP a formulé par voie de courrier à la diplomatie française ‘’son souhait de dénoncer l’accord bilatéral sur le statut du Centre culturel franco-nigérien’’. Le délai de dénonciation concernant l’accord est d’une durée de six mois. La France a décidé de rompre unilatéralement sa coopération dans le domaine scientifique, scientifique et culturelle avec notre pays, il faut lui rendre la monnaie de sa pièce.
Le parlement de l’Union européenne a décidé de l’appuyer en édictant des sanctions supplémentaires contre notre pays, ici aussi la réplique est tombée comme un couperet. Le général Tiani a signé un décret abrogeant la loi 2015-36, criminalisant la migration dite clandestine en direction de l’Europe à partir de l’Algérie et de la Libye via le Niger.
Les autorités du régime déchu ont pris beaucoup d’argent avec l’Union européenne pour faire de notre pays une frontière délocalisée de l’Europe. Depuis lors, le Niger est devenu le principal centre de rétention des migrants au grand bonheur des pays européens qui n’avaient plus de soucis pour contenir les flux. Avec la dénonciation de cet accord, la vanne est désormais rouverte, et c’est de bonne guerre que cet accord soit dénoncé.