Dans un élan de solidarité louable face à une situation sécuritaire préoccupante, le Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie (FSSP) a alloué aux Forces de Défense et de Sécurité (FSD) une dotation significative de 160 véhicules Pickup, pour une enveloppe totale de 4 milliards 480 millions F CFA. Cette initiative mérite certes d’être saluée pour sa contribution au renforcement des capacités opérationnelles de l’Armée. Toutefois, l’opacité entourant cette transaction suscite des inquiétudes légitimes.
Premièrement, la question se pose sur le processus d’acquisition de ces véhicules. Dans un contexte où la rigueur et la transparence doivent régir la gestion de ce fonds, l’attribution de ce marché mérite d’être éclairée. A-t-elle fait l’objet d’un appel d’offres ouvert, garantissant une compétition saine et équitable, ou s’agit-il d’une attribution par entente directe, potentiellement sujet à caution ? Si le second scénario est avéré, quelles en sont les justifications ?
Deuxièmement, l’identification du ou des soumissionnaires et du ou des fournisseurs sélectionnés reste un mystère. Qui sont-ils ? Quelle est leur réputation ? Ont-ils l’expertise et la capacité de fournir des équipements répondant aux normes et exigences spécifiques des FDS ? Ces informations sont cruciales pour évaluer l’équité du processus. La transparence sur les acteurs impliqués est un gage de bonne gouvernance, permettant d’écarter tout soupçon de favoritisme ou de corruption.
En outre, les conditions d’attribution de ce marché interpellent. S’agit-il d’un achat en Hors Taxes (HT) ou en Hors Douane (HD) ? Y a-t-il des exonérations fiscales impliquées, et si oui, sur quelle base juridique se justifient-elles ? Ces informations sont d’autant plus pertinentes qu’elles influent directement sur le coût final des véhicules en question.
Il convient de rappeler que le FSSP est alimenté par des fonds publics, et aussi par des contributions des citoyens. Ces derniers ont le droit inaliénable de connaître l’utilisation qui est faite de leur argent. Ce n’est pas un luxe, mais une exigence fondamentale. La gestion de ce fonds, dès lors, se doit d’être aussi limpide que possible. Il en va de la confiance des citoyens en cette structure.
Le prix unitaire de 28 millions F CFA par véhicule, en soi, suscite des interrogations. Est-ce un montant justifié au regard des spécifications et des besoins opérationnels des FSD ? Y a-t-il eu une étude comparative des prix pour s’assurer que le Niger ait bénéficié du meilleur rapport qualité-prix ?
En conclusion, alors que le geste d’équiper les FDS est louable en soi, l’absence de transparence et de clarté dans le processus d’acquisition suscite des doutes et alimente la défiance envers le FSSP. Il est impératif que chaque centime dépensé sur ce fonds soit justifié pour garantir l’efficacité des achats. C’est à ce prix que la solidarité exprimée se transformera en une action véritablement efficace et respectueuse de la confiance des citoyens.