Sans raisons valables, le pouvoir en place au Niger s’est répandu en invectives contre les autorités de transition maliennes au lendemain du coup d’État du 24 mai 2021 (le second en 9 mois). Depuis, les relations entre Niamey et Bamako sont au plus mal. La coopération militaire transfrontalière pour lutter contre le terrorisme en a pris un gros coup. Dans un entretien au « Monde » en date du 21 novembre 2022, il a été demandé à Bazoum Mohamed si l’efficacité des patrouilles militaires franco-nigériennes n’est pas limitée par le fait que notre pays ne peut plus mener des opérations transfrontalières au Mali, où peuvent se replier les djihadistes.
« Oui, bien sûr, mais nous respectons la frontière du Mali. L’idéal aurait été que nous soyons dans des conditions de coopération opérationnelle avec tous nos voisins. […] Ce n’est malheureusement pas le cas pour le moment avec le Mali, avec lequel nous n’avons plus de relations militaires », a répondu le chef de l’État. Il est évident que la guerre contre le terrorisme au Niger ne peut être menée avec efficacité sans le Mali. Les autorités nigériennes l’ont compris, elles tentent de mettre de l’eau dans leur vin, de changer leur fusil d’éapule. « On peut dire que la raison a prévalu du côté de Niamey après la passe d’armes entre autorités des deux pays […] Sachant bien qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, le président Bazoum a dépêché à Bamako son chef d’Etat-major le général de division Salifou Mody porteur d’un message d’amitié et de collaboration pour traquer les derniers terroristes qui, il faut le rappeler, écument la zone des trois frontières », écrit un journal malien. Coïncidence ou pas, cette visite au Mali du patron des armées nigériennes a été suivie d’une grande victoire sur le terrain. La semaine dernière, dans son bulletin hebdomadaire, le ministère de la Défense nationale a fait état de la neutralisation de 79 « terroristes » lors d’une opération de ratissage dans l’ouest du Niger. « Cette poursuite, menée par les forces aéroterrestres, a conduit jusqu’à la zone de Hamakat au Mali, lieu de refuge du responsable présumé de l’embuscade du 10 février à Intagamey, également dans le département du Banibangou », a précisé le ministère de la Défense nationale. On parle d’opération ‘’inédite’’ du fait que c’est pour la première depuis de très longs mois que les soldats nigériens se sont autorisés à entrer en territoire malien. C’est sûr, le Niger s’est rapproché du Mali sur le plan militaire, la coopération a été payante.