La création de la Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale (COLDEFF), par ordonnance N°2023-09 du 13 septembre 2024, marque une étape cruciale dans la lutte contre la corruption et les malversations financières au Niger. Dotée d’une mission ambitieuse et de larges prérogatives, la COLDEFF s’est rapidement imposée comme un pilier essentiel dans la quête de justice économique.
La structure se divise en quatre commissions spécialisées, chacune ciblant un secteur précis de la délinquance économique. Ces commissions sont dédiées respectivement à l’administration centrale, aux collectivités territoriales, aux sociétés publiques et projets, et à la dénonciation, pour laquelle un numéro vert sera bientôt mis en place. Cette organisation permet à la COLDEFF de couvrir un large éventail de délits économiques, assurant ainsi une lutte efficace et ciblée.
Depuis son lancement, la COLDEFF a reçu de multiples rapports de la HALCIA, de l’Inspection Générale des Finances (IGF) et de l’Inspection Générale d’État (IGE) et de nombreuses personnes ont comparu devant elle, témoignant de son rôle central dans la coordination des efforts de lutte contre la corruption. Parmi les cas les plus emblématiques figure celui d’Albadé Abouba, ancien ministre de l’Agriculture et de l’Elevage et président du MPR-Jamhuriya. Son audition à la COLDEFF a eu lieu suite à un rapport de l’IGE concernant des irrégularités présumées au sein du Ministère de l’Agriculture et du Fonds de Sécurisation de l’Elevage (FOSEL). Combien lui reprocherait-on de rembourser ? 800 millions de F CFA, voire plus ?
Cette convocation illustre la détermination de la COLDEFF à poursuivre les hauts responsables du régime déchu, sans égard pour leur statut ou leur influence politique. Dans un climat où la corruption sous la Renaissance était omniprésente, il est probable que de nombreux politiques ayant occupé des postes clés seront inévitablement confrontés à la COLDEFF.
Sous la présidence du Colonel Abdoul Wahid Djibo, la COLDEFF a récupéré 15.744. 252.011 F CFA, dont 12 milliards 38.839.799 F ont déjà été versés au Trésor et 3. 000.705. 412. 212 attendus dans les prochains jours, témoignant de sa détermination et de sa rigueur à s’attaquer à la délinquance économique et financière.
En somme, l’audition d’Albadé Abouba à la COLDEFF ne représente pas seulement un cas isolé, mais s’inscrit dans une démarche plus vaste de redevabilité et de lutte contre la délinquance économique. C’est un signal fort envoyé à tous les acteurs politiques et économiques : la COLDEFF est un acteur incontournable dans la nouvelle ère de gouvernance que le Niger s’efforce de bâtir.