Ce chauffeur de camion de marque Mercedes et le convoyeur du véhicule qui ont été appréhendés, dimanche 17 mars 2024 vers 11h 45mn, au poste de contrôle de police de Zindigori (département de Téra) sont tout simplement victimes de leur audace, leur naïveté et leur cupidité. Ils ont été interpellés, après une fouille policière ayant permis de découvrir dans les effets de déménagement qu’ils transportaient une importante quantité de munitions de divers calibres et des douilles, une médaille militaire, des documents précieux (passeports, carte géographique,) et unepanoplie de matériels et accessoires militaires et civils appartenant à des membres d’une famille apparemment américaine vivant dans notre pays.
Le camion a-t-il été mobilisé spécialement pour le transport des effets appartenant à ladite famille ou pour l’acheminement de l’oiselle et des dattes trouvées dans la cargaison interceptée ? La deuxième hypothèse est plus plausible surtout qu’il s’agit ici de faire sortir en cachette du pays du matériel militaire sans éveiller des soupçons. Ça doit être un marché bien rétribué proposé au chauffeur du camion Soufiane Hassane et au convoyeur Kader Noma, qui ont accepté le deal malgré les risques qu’il comporte. C’est une pratique courante de triche dans le secteur du transport routier où les chauffeurs et leurs assistants exécutent des services parallèles dans le dos des propriétaires des camions pour arrondir leurs revenus. Lorsqu’ils ont été interrogés sur ‘’la provenance et la destination’’ des effets de déménagement, les deux compères ont cité le nom d’un certain Abdoul-Aziz qui a géré, selon eux, le chargement des effets dans le camion à Niamey, donnant son numéro à la police pour exploitation.
Dans cette scabreuse affaire, le chauffeur et le convoyeur du camion n’ont pas été abusés, contrairement à ce qu’on aurait pu penser. Ils sont visiblement au courant de la nature des effets qu’ils sont chargés d’acheminer à Abidjan et ils ont accepté malgré tout le contrat malgré les risques qu’il comporte.
Tout laisse croire que le sieur Abdoul-Aziz n’est qu’un intermédiaire, un facilitateur, dans l’expédition des effets militaires compromettants à Abidjan. Il a possiblement suivi à distance la progression du camion pour s’assurer que les choses vont se dérouler normalement et au cas où ça tournerait mal, se volatiliser dans la nature.
La fouille minutieuse du camion, qui a été conduit à la Direction départementale de la police de Téra, permettra à coup sûr de découvrir d’autres effets militaires et documents précieux pouvant faciliter les investigations.
D’ores et déjà, à partir de l’inventaire des matériels découverts lors de la fouille sommaire du camion, l’on est tenté d’établir un lien entre la dénonciation récente par Niamey des accords de défense militaire entre les Etats Unis d’Amérique et notre pays et cette tentative de sortie frauduleuse de matériels militaires appartenant à la famille américaine.
Il n’y a aucun doute sur la nationalité des propriétaires des effets qui comprennent ‘’un (1) passeport américain au nom de Bulgare Cadence Isabella ; un permis de conduire américain au nom de Heather Laine Boulgare ; trois drapeaux des USA ; trois cartes bancaires dont deux au nom de Jérémy Boulgare et un au nom de Heather Boulgare’’, d’après l’inventaire dressé par la police.
Le matériel militaire découvert lors de la fouille est constitué de 1148 cartouches de divers calibres, 5 jumelles, 2 casques de tirs, 2 casques lourds, 2 kits d’entretien d’armes, 1 kit de déminage, 3 gilets par balles, 2 chargeurs de GPS, 1 portatif de marque Motorola, 2 chargeurs de portatifs, 1 paire de pataugas, une carte du parc du W et des localités environnantes du sud-ouest du Niger ainsi que divers autres instruments et outils qu’on trouve généralement dans une dotation militaire.
A côté de ce matériel militaire, l’inventaire comporte également des appareils électroniques et autres objets militaro-civils dont 4 PC, 1 routeur wifi (orange), 4 téléphones portables, des clés USB, 1 couteau, 1 chronomètre, 6 sac marin, 36 piles, 1 canne à pêche, 3 ciseaux, 3 cordes, 1 moustiquaire, 1 ruban de sécurité, 43 lampes luminescentes, etc.
Cet inventaire lève toute équivoque sur la profession du propriétaire de ces effets. Il s’agit d’un porteur de tenue. La question qu’on se pose est de savoir pourquoi chercher à faire sortir clandestinement par voie terrestre autant de matériel militaro-civil ? Quel problème pose-t-il au propriétaire d’emprunter la voie aérienne pour les acheminer à Abidjan, si on les a fait rentrer par cette voie dans notre pays ? Il y a assurément anguille sous roche. Les investigations policières permettront certainement d’éclairer les tenants et les aboutissants de cette affaire. En attendant, la vigilance doit être accrue à Niamey, avec ces saisies et découvertes d’armes, de munitions et autres matériels militaires ces derniers temps.