Face à une inflation galopante sur le riz importé, le ministre du Commerce, Asman Seydou, a pris une mesure radicale le 21 février 2024. Au sortir une réunion avec quelques commerçants grossistes non représentatifs, il a imposé un plafonnement des prix du riz à 25% et 5%, espérant ainsi maîtriser la flambée des prix. Cette décision, censée apaiser les tensions inflationnistes, loin de résoudre le problème, a cependant déclenché un véritable chaos sur le marché nigérien.
Conséquences désastreuses pour les importateurs et consommateurs
Cette politique de plafonnement a eu des répercussions immédiates et désastreuses, tant pour les importateurs que pour les consommateurs. Les importateurs, confrontés à des coûts de revient élevés, subissent de lourdes pertes. Pour un sac de riz blanc de 25 kg en provenance de l’extérieur de la zone UEMOA et transitant via le Corridor Togo-Burkina, le coût de revient s’élève à environ 614.000 FCFA la tonne, soit 15.360 FCFA le sac. Or, avec le plafonnement imposé, les prix de vente ont été réduits à seulement 13.500 F le sac – à Niamey par exemple -, entraînant une perte significative pour les importateurs.
En réponse, des contrôles stricts ont été mis en place, mais cela n’a pas empêché la montée de la spéculation. Les spéculateurs, profitant de la situation, ont commencé à acheter en petite quantité pour revendre à des prix plus élevés, exacerbant le problème initial. En conséquence, de nombreux importateurs ont annulé ou détourné leurs commandes vers d’autres pays tels le Burkina, le Mali, le Nigeria ou le Cameroun, risquant ainsi de provoquer des pénuries au Niger.
Émergence de marchés noirs et autres effets indésirables
Le plafonnement des prix a également favorisé l’émergence de marchés noirs et la contrebande de riz vers le Nigeria, exacerbant les problèmes de pénurie de cette denrée alimentaire essentielle pour les ménages nigériens. Cette dynamique a créé un cercle vicieux, nuisant à l’économie du Niger.
Commentaire critique sur la politique de plafonnement des prix du riz
La décision du ministre Asman Seydou de plafonner les prix du riz reflète une compréhension limitée des mécanismes du marché et des conséquences de telles interventions. En se concentrant sur une solution rapide et superficielle, le ministre a négligé les principes fondamentaux de l’économie de marché, où l’offre et la demande dictent naturellement les prix. Cette politique a généré des conséquences néfastes, telles que la spéculation, les pénuries et la contrebande.
Plutôt que d’imposer un plafonnement arbitraire, susceptible de déstabiliser davantage le marché, le gouvernement devrait envisager des solutions structurelles et à long terme. Parmi celles-ci, la réouverture du Corridor Benin-Niger, en complément du Corridor Burkina-Niger, apparaît comme une approche plus viable. Cette démarche pourrait assurer une offre adéquate de riz sur le marché nigérien, stabilisant ainsi les prix de manière naturelle et durable.
En conclusion, le plafonnement des prix imposé par le ministre du Commerce Asman Seydou est une mesure mal conçue qui non seulement échoue à résoudre le problème de l’inflation mais risque également de déclencher une série de conséquences imprévues et dommageables pour les importateurs et consommateurs nigériens. Une réflexion plus approfondie et des politiques plus nuancées sont nécessaires pour aborder efficacement les défis économiques auxquels le Niger est confronté.