Le vendredi 09 avril 1999, jour de l’assassinat du président Baré qualifié de « Vendredi Noir » par Djingarey Maiga, Doyen du cinéma nigérien , commence à livrer ses secrets. Djibrilla Baré Mainassara, frère cadet du défunt, cadre détaché du Siège de la BCEAO pour occuper le poste de Conseiller spécial du président de la République pour les Questions Economiques et Financières et qui a été candidat à la dernière élection présidentielle 2020-2021 au titre de l’UDFP Sawaba, s’est résolu, après 25 ans de silence, à nous livrer en exclusivité le récit de ses journées cruciales, précédant et suivant cette journée fatidique du 09 avril 1999 jusqu’à son retour à Dakar, lieu de sa résidence habituelle.
Faire le récit des journées les plus dramatiques de mon existence à l’occasion de la commémoration de la 25ème année de la disparition du président Ibrahim BaréMainassara, qui lui a permis de valider ce qu’il savait déjà, à savoir : il ne sert parfois à rien de compter sur les sacrifices consentis pour autrui, puisque dans les moments les plus difficiles, c’est le désert autour de vous. Le président Baré a succomber le 09 avril 1999 pour n’avoir pas su débusquer les traitres parmi ceux qu’il a toujours considéré comme des amis dont il a fait une promotion fulgurante. Mais ce n’est pas faute d’avoir été prévenu. Le célèbre écrivain, Amadou Kourouma, écrira quelques années après la mort de Baré, en lui donnant presque raison à titre posthume que “débusquer un traitre et un faux ami….est aussi complexe que nettoyer l’anus d’une hyène”. Tous ceux qui exercent présentement le pouvoir sauront décrypter les précieux conseils sans frais de Kourouma. Récit des journées des 13, 14 et 15 avril 1999, jour de son atterrissage à Dakar.
Journée du mardi 13 avril 1999 : Destination à Dakar
09 heures 00 : je quittais Argoungou à destination d’Abuja dans un véhicule Mercédès mis à ma disposition par l’Emir et j’étais accompagné par un de ses Dogarey. Nous arrivons à Abuja le soir, accueillis par un parent de l’Emir de Argoungouqui se trouve être un patron des Douanes nigérianes. Il me posa une première question à savoir si j’avais besoin d’un passeport du Nigéria et si je préférerais résider à Abuja. Ou alors si je devais partir pour une autre destination. Il me posa ensuite la question de savoir si je souhaitais avoir une audience avec le président Abdoul Salami Aboubacar qui était disposé à me recevoir. Tout compte fait, je lui exprimais mon souci de discrétion et lui fis comprendre que je devais partir à Dakar afin de reprendre mon poste de cadre au Siège de la BCEAO puisque j’ai bénéficié d’un détachement pour servir mon pays et qui prenait automatiquement fin avec l’assassinat du président Baré.
Journée du mercredi 14 avril 1999
Je passai une journée tranquille. chez mon hôte. Il prendra un billet d’avion à destination de Dakar via Lagos pour le lendemain jeudi 15 avril 1999. Je passai la nuit à son domicile.
Journée du jeudi 15 avril 1999 : Départ pour Dakar via Lagos et arrivée à l’Aéroport Sédar Senghor
Après une nuit calme, je pris mon vol et j’arrivais sans encombre à l’Aéroport International Léopold Sédar Senghor (LSS) de Dakar Yoff, dans l’après-midi autour de 15 heures locales. J’effectuais les formalités sans encombres et à ma sortie de l’aéroport aucun journaliste en vue. C’est la preuve que le gouvernement sénégalais a pris toutes les dispositions pour mon retour à mon lieu de résidence habituel puisque tout compte fait il n’y avait aucune particularité à mon séjour en terre sénégalaise. Je louais un taxi pour rejoindre ma modeste villa de la Cité BCEAO du Quartier Nord-foire située à peine à 2 km de l’Aéroport International LSS. Je dois préciser que depuis l’an 1990 j’ai vécu dans ladite villa avec ma famille jusqu’à mon départ en détachement auprès du gouvernement du Niger suivi quelques mois plus tard par la famille. Conscient des risques d’instabilité encourus dans un régime militaire issu d’un coup d’Etat, j’ai gardé la maison vide en m’en servant comme résidence lors de mes fréquents passages à Dakar. J’ai été inspiré puisqu’à présent elle était donc prête à m’accueillir dans la discrétion puisque l’eau, l’électricité et le téléphone étaient disponibles comme lors de mon dernier séjour du 31 mars au 2 avril 1998 pour rencontrer SEM. Moustapha Niasse, ministre des Affaires étrangères du Sénégal et SE Jessy Jackson, Conseiller Spécial du président Bill CLINTON lors de la visite de dernier au pays de la Téranga. Il faut dire qu’après ces rudes journées ante et post assassinat du président Baré et chargées d’émotions, je n’avais pour seul désir que de m’isoler et réfléchir sur le sens à donner à nouvelle condition de citoyen. Je projetais de rendre visite à la veuve Ibrahim Baré et ses quatre enfants que je savais hébergés depuis leur arrivée à Dakar le 11 avril 1999 à l’Hôtel Méridien président joignable en 20 minutes en voiture. Je ne peux m’empêcher de croire que tout a été coordonné pour que nous retrouvions tous ensemble à Dakar. Les jours et semaines suivantes le mystère de «l’accident malheureux» ainsi que ses présumés auteurs, co-auteurs et complices (voir encadré ci-dessous) sera peu à peu levé suivant les confidences des uns et des autres. (A suivre…)
Par Djibril Baré