Il faut ne faut pas se voiler la face. Le slogan ‘’Labu Sani, Zanchen Kasa’’ n’a pas encore fini de faire baver les Nigériens lambda. Au nom de la lutte pour la souveraineté nationale engagée depuis les événements du 26 juillet 2023, ils ont été confrontés plusieurs mois durant à une cherté de la vie sans commune mesure liée à l’embargo sévère imposé à notre pays par la communauté internationale. Mais depuis le mois de février dernier, l’étau a commencé à se desserrer avec la levée des sanctions économiques de la CEDEAO et de l’UEMOA et une reprise progressive des relations avec les partenaires techniques et financiers. Cette détente devrait normalement contribuer à atténuer les souffrances des populations. Hélas ! Près de deux mois après la levée des sanctions économiques et financières, les consommateurs ne savent toujours pas à quel Saint se vouer. Alors qu’ils végètent dans une précarité financière indicible, les prix des denrées alimentaires affichent toujours une tendance au ciel du fait notamment de la cupidité des commerçants, l’accès à certains services sociaux de base [eau, électricité, soins sanitaires, etc.] tend à devenir une denrée rare même dans la capitale.
Un véritable désarroi face auquel la voix des organisations de défense des droits des consommateurs a été peu audible. Sans nier leur silence, El hadj Moustapha Kadi, président du Collectif pour la défense du droit à l’énergie (CODDAE), impute les délestages sauvages à ‘’l’embargo énergétique inédit imposé par la CEDEAO à notre pays’’, suite aux événements du 26 juillet 2023, qu’il considère comme ‘’une violation flagrante des accords commerciaux qui lient nos deux peuples et en même temps des fondements de la tradition africaine basée sur le respect de la parole donnée’’.
Selon lui, ‘’cette sanction, bien que levée, est de nature à mettre en péril notre économie et c’est pourquoi, en cette période de haute chaleur et donc du pic énergétique, nous la vivons comme hier’’. Mais à quelque chose, malheur est bon parce qu’elle a permis aux autorités nigériennes de prendre conscience de l’importance de l’indépendance énergétique pour un pays. ‘’L’électricité n’est plus perçue comme un simple produit de consommation, mais un comme vecteur prioritaire dans l’amélioration des conditions de vie et de travail’’, estime Kadi, soulignant une nette amélioration de la desserte au niveau national, en dépit d’un déficit pour couvrir encore les besoins dans les villes de Niamey, Dosso et Tillabéry.
‘’Pour nous, le défi se situe au niveau des produits pétroliers qui sont détaxés pour permettre à la Nigelec d’atténuer ses coûts de production. De nouvelles mesures sont prises au sein de la société. C’est ainsi que certains responsables ont été remerciés. L’État a décidé de ne pas augmenter le tarif de l’électricité et il y a toute une batterie de réflexions engagées pour trouver une solution définitive auxdites coupures d’électricité’’, explique le président de CODDAE. Malheureusement, le problème ne concerne pas uniquement l’électricité, il y a aussi l’accès à l’eau potable qui est devenu problématique dans plusieurs villes du pays depuis la nationalisation de la société. Dans de nombreux quartiers de Niamey, les robinets ne coulent plus régulièrement, il faut veiller pour s’approvisionner en eau potable. C’est une véritable source de préoccupation pour les consommateurs, au même titre que la flambée ininterrompue des prix des denrées alimentaires. Les organisations de défense des droits des consommateurs doivent sortir de leur torpeur pour interpeller les autorités militaro-civiles quant à la responsabilité qui leur incombe de créer les conditions pour faciliter la vie aux populations.