Le Directeur de publication de votre serviteur comparaîtra probablement, ce lundi 29 avril 2024, devant le procureur de la République, après une détention en garde à vue de 72 heures dans les locaux de la Police Judiciaire à Niamey. Soumana Idrissa Maïga a été interpellé dans son bureau, jeudi 25 avril, dans l’après-midi vers 17 heures, par des éléments de la police, suite à la publication d’un article intitulé ‘’Installation présumée d’équipements d’écoute par des agents russes sur des bâtiments officiels : qui cherche-t-on précisément à surveiller et pourquoi ?’’, paru dans la livraison N° 3189 du journal. On lui reprocherait d’attenter à ‘’la sûreté de l’Etat par la divulgation de secret défense’’ pour avoir exploité un article publié dans ‘’Le Figaro’’ en émettant des réserves sur la véracité de son contenu et les implications que cela pourrait avoir si lesdites informations étaient avérées.
Cette interpellation de d’un journaliste [un de plus] dans l’exercice de la profession, dans ce contexte d’exception militaire, n’est pas susciter des inquiétudes au sein de la corporation des médias et des organisations de défense des droits humains et de la démocratie.
Dès l’alerte de son interpellation dans la même soirée du jeudi 2024, les réactions ont commencé à fuser le lendemain vendredi, à travers des communiqués et déclarations de presse. Transparency International Niger, la première organisation à réagir, a exprimé sa profonde préoccupation suite à cette arrestation.
‘’ Selon les informations reçues, M. Maiga a été arrêté en relation avec un article publié dans son journal, qui citait une source externe concernant l’installation présumée de dispositifs d’écoute sur des bâtiments publics. Il est essentiel de souligner que M. Maiga n’a pas affirmé ces allégations lui-même, mais a plutôt posé des questions sur la base d’un article du journal Le Figaro’’, a souligné l’organisation, citant aussi le cas de Ousmane Toudou, détenu depuis des jours ‘’pour avoir appelé ‘’à la défense de la démocratie. Il est détenu jusque-là dans les locaux de la gendarmerie nationale’’.
‘’Nous condamnons toutes ces arrestations et appelons à la libération immédiate des journalistes Ousmane MamaneToudou et Soumana Idrissa Maiga’’, a fait savoir Transparency, soulignant que la liberté de la presse est un droit fondamental garanti par tous les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Niger.
‘’Les journalistes doivent pouvoir exercer leur métier sans crainte de représailles, surtout lorsqu’ils se font l’écho de préoccupations légitimes dans l’intérêt public’’, a ajouté Transparency.
Une réaction ferme aussi du Collectif des organisations socioprofessionnelles du secteur des médias privés du Niger qui dit condamner ‘’avec force la détention préventive dans les locaux de la police judiciaire de Niamey de notre confrère Soumana Idrissa Maïga en violation flagrante des dispositions de l’Ordonnance 2010-035 du 4 juin 2010 portant régime de la liberté de la presse et de l’Ordonnance 93-31 du 30 mars 1993 portant sur la communication audiovisuelle’’.
Aux yeux des animateurs du Collectif, ce sont des ‘’menaces de remise en cause des acquis obtenus de hautes luttes par les organisations socioprofessionnelles des médias en matière de la liberté de la presse et d’expression’’. Conséquemment, les deux confrères doivent être libérés et sans condition.
L’Observatoire nigérien des médias pour l’éthique et la déontologie (Onimed), lui, se dit choqué que ces faits interviennent à la veille de la Journée Internationale de la Liberté e la Presse célébrée le 3 mai prochain.
Il a exprimé sa profonde ‘’préoccupation à l’interpellation de nos deux confrères, au mépris de l’Ordonnance (2010-35) portant dépénalisation des délits de presse commis par voie de presse’’, demandant aux autorités de la transition de promouvoir le plein exercice de promouvoir l’exercice de cette liberté et d’encourager les journalistes dans l’exercice de leur métier.
Les inquiétudes ne sont pas une vue de l’esprit. Les journalistes sont menacés dans l’exercice de leur profession. Doivent-ils se taire lorsqu’ils constatent des manquements dans la conduite des affaires de l’Etat ? Assurément non ! Ils ont le devoir d’interpeller ceux qui sont affaires. La confiance n’exclut pas le contrôle !