L’occasion était trop belle pour qu’il n’en soit pas ainsi, le général de brigade Abdourahamane Tiani, président du CNSP, chef de l’État, ayant décidé, depuis belle lurette, (et tout récemment encore concernant les États-Unis d’Amérique) de dénoncer tous les accords de coopération militaire, peu orthodoxes, disons même illégaux, d’entendre la voix du peuple dans son entièreté, parce que nous sommes face à une problématique existentielle, laquelle appelle le peuple à s’exprimer, sans fard ni contrainte.
La volition du peuple souverain dans ce cas précis se doit d’être absolue, totale et massive, pour qu’il ne puisse pas y avoir le moindre doute dans l’esprit timoré des forces rétrogrades et hostiles aux nouvelles autorités du pays. Pour que l’on puisse dire que le Peuple, tel un seul homme, s’est dressé pour tonner à haute et intelligible voix sa détermination à se ranger, quoi qu’il advienne, derrière les Patriotes que sont devenus nos prétoriens dans leur ensemble.
L’apolitisme n’exclut pas le patriotisme
Sur les médias du pays, notamment la télévision nationale, plusieurs chefs traditionnels, plus ou moins au nom de leur corporation (qui elle-même a fait les premiers pas) ont approuvé, sans ambiguïté, la décision de Tiani et de ses camarades du CNSP, de rompre les accords de coopération militaire avec l’Oncle Sam. Cela peut surprendre l’observateur non averti, dans la mesure où il pensait que ces honorables personnalités s’obligeaient à ne pas tremper dans les affaires politiques, et même, à ne pas trop afficher leurs préférences pour un programme ou un candidat à des consultations électorales. Cette posture d’équidistance par rapport aux éléments du microcosme politique, bonifiait leur dimension d’arbitre en cas de conflits, de toute nature, survenant à un niveau local. L’administration centrale ne pouvait que s’en féliciter. Du reste, statutairement, les chefs traditionnels remplissent le rôle des “auxiliaires” (disons plutôt, des collaborateurs attitrés) de la justice et de la portion centrale.
Certains pays comme au Mali, qui ont mis fin par idéologie progressiste, à la survivance de cette confrérie, semblent le regretter aujourd’hui, étant démunis de cette voix essentielle, vitale, entre la froide et impersonnelle administration et le contact de proximité, chaleureux, entre les administrés. Pour autant, s’il faut avancer sur le terrain précité, il est recommandé de le faire avec la circonspection d’un chat échaudé. Parce qu’au final, si l’on n’y prend pas garde, comme dans certains pays, cette congrégation millénaire risque d’être embrigadée et vidée de tout son substrat crucial à la cohésion nationale. Pour une fois (qui n’est pas coutume), approuver une décision politique revêtant un aspect primordial au niveau de toute la nation, nous pouvons le dire et l’assumer, cela peut se comprendre. Parce que, dans le cas précis qui nous occupe, la marge est infime entre le politique et la survie, entre le factuel et l’éternel noyau vital d’une nation, entre, au final, la reddition honteuse et la résistance héroïque à toute forme de domination et d’assujettissement, d’où qu’elle vienne. Dès lors, personne ne peut s’estimer être simple spectateur, hors de l’arène de lutte. Tout le monde doit aiguiser ses armes pour défendre l’intérêt du plus grand nombre. Il s’ensuit que la dynamique opérée par les chefs traditionnels est, indubitablement, positive. A condition, cependant, de pouvoir la doser, selon les cas.
Les Oulémas aussi
Comme affirmé plus haut, tout le monde doit prendre sa part dans la lutte de libération nationale en cours. A commencer par ceux qui ont en charge nos âmes, les Oulémas. Ils n’épargnent aucun effort pour faire ce que l’on peut attendre d’eux. Et cela, sans rien demander à personne, depuis le commencement des hostilités envers notre pays. L’Association Islamique du Niger, par la voix de son président, a convié la Ouma islamique à des séances de prière pour le départ effectif de tous les soldats Américains de notre sol. On ne peut être plus clair. Sans équivoque, cette posture est identique à celle des chefs traditionnels, des prétoriens au pouvoir et, surtout, du peuple nigérien, dans sa très large majorité.