Même lorsqu’elles ont tort dans un dossier, les autorités algériennes refusent le plus souvent de le reconnaître ; elles cherchent toujours à nier les faits qui leur sont reprochés ou carrément à retourner l’accusation contre le partenaire qu’elles ont d’ailleurs tendance à infantiliser. Le partenaire doit subir et adopter profil bas quelle que soit la gravité des faits, car oser protester bruyamment, c’est chercher à ternir à l’image de marque de leur pays.
C’est cette réaction que vient de manifester Alger suite à larécente convocation de son ambassadeur par Niamey relativement aux opérations de rafles et de refoulements de migrants sans papiers effectuées ces jours-ci dans les villes algériennes.
Lesquelles opérations donnent lieu à des actes de violence psychologique et physique contre les victimes ainsi qu’à la confiscation de leur argent et leurs biens de valeur. Il se trouve qu’il y a beaucoup de Nigériens parmi les victimes des exactions des forces de l’ordre algériennes.
Et c’est la raison de la convocation de l’ambassadeur algérien, Bekhedda Mehdi, le 3 avril 2024, par le secrétaire général adjoint du ministère des Affaires étrangères pour lui signifier les vives protestations de Niamey contre le mode opératoire de la police algérienne consistant à violenter physiquement et à dépouiller les migrants de leurs biens, avant de les embarquerdans des camions comme des bêtes pour les convoyer jusqu’au point Zéro, en plein désert, distant d’une quinzaine de km de la localité frontalière d’Assamaka que les migrantsrefoulés tentent de joindre à pied.
Un reportage fourni d’’’Info migrants’’ sur ces opérations de refoulement en cours en Algérie a décrit comment les rafles étaient menées par la police dans les rues, sur les lieux de travail, dans les restaurants et même dans les domiciles où les migrants subsahariens sont interpellés, sans ménagement, et immédiatement déportés vers un centre de refoulement à Tamanrasset.
D’après les récits des migrants interrogés à Assamaka par ‘’Info migrants’’, ‘’l’argent et le téléphone sont systématiquement confisqués’’ par les policiers algériens, ‘’qui ne cherchent même pas à vérifier les papiers pour savoir si les personnes interpellées sont en règle ou pas’’. ‘’Or, le téléphone est très important pour les migrants, car il leur permet de rester en contact avec leurs familles et leurs employeurs’’.
Ce sont là des faits avérés de ‘’traitements inhumains et dégradants’’’ infligés aux migrants refoulés que les autorités nigériennes ont ouvertement dénoncés.
Mais comme il fallait s’y attendre, le ministère algérien des Affaires étrangères a répliqué, convoquant notre ambassadeur, M. Aminou Malam Manzo, pour lui signifier que ‘’certains jugements des autorités nigériennes’’ sur le rapatriement des ressortissants nigériens séjournant de manière irrégulière sur le territoire algérien ‘’sont sans fondement’’.
‘’Il a été rappelé à l’ambassadeur nigérien l’existence d’un cadre bilatéral dédié à cette problématique. De même, il lui a été indiqué que ce cadre doit rester le lieu privilégié de discussion et de traitement de toutes les données et de tous les développements liés à cette problématique’’, lit-on dans le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères.
Cette observation formulée par Alger laisse clairement entendre que Niamey n’avait pas le droit de convoquer son ambassadeur pour lui exposer la préoccupation, en dépit de sa gravité. Par conséquent, sa requête visant l’humanisation des opérations de refoulement des migrants irréguliers risque de ne pas être examinée.
Au regard de cette posture désinvolte des autorités algériennes, le CNSP doit s’intéresser à ce cadre bilatéral de concertation pour en savoir les clauses et exiger au besoin leur révision au cas où elles s’avèrent défavorables aux intérêts de notre pays. Pour une question de respect de la dignité de nos concitoyens. ‘’