« Le Niger est confronté à des défis complexes pour la paix, la stabilité et le développement, […] la persistance de la pauvreté, l’insécurité alimentaire […], la criminalité transfrontalière et la menace accrue du terrorisme ». Telles étaient, entre autres, les raisons invoquées le 11 octobre 2016 par le MNSD-Nassara pour justifier son acceptation de la ‘’main tendue’’ du président Issoufou Mahamadou. Cinq (5) ans plus tard, aucun des problèmes énumérés par le MNSD-Nassara n’a trouvé ne serait-ce qu’un début de solution.
Au contraire, ces défis se sont accrus, spécifiquement les menaces terroristes. Comme quoi, ce n’est pas la taille XXL de la majorité présidentielle qui constitue le socle d’un essor sociopolitique et économique. Les espoirs nés de l’avènement du PNDS-Tarraya au pouvoir en 2011 se sont estompés en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. En tête des mauvaises pratiques qui ont tiré le pays vers le bas, figure la corruption. C’est peu de le dire, Issoufou Mahamadou ne s’est point investi dans le sens d’éradiquer ce fléau qui a pris des proportions stratosphériques sous son règne. Bazoum Mohamed, quant à lui, s’est engagé à tordre le cou à cette tradition de ‘’pots-de-vin, surfacturations, dépenses inopportunes, commandes fictives, commandes partiellement livrées’’. Il en a fait le serment le jour de son investiture : « Je serai implacable contre les délinquants parce que j’ai conscience du tort que porte la corruption au développement du pays. Elle constitue par ailleurs une grave source de discrédit pour un régime et comme telle, elle est un grand facteur d’insécurité ». Deux (2) ans après, où en sommes-nous ? Les optimistes parlent d’un ‘’début du commencement’’. Allusion à l’arrestation de quelques personnes pour divers soupçons de corruption. Pour les pessimistes, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Bazoum Mohamed donne à penser qu’il s’attaque à la corruption. Sauf que l’engagement du chef de l’État n’a rien de l’opération ‘’mains propres’’ du début des années 1990 en Italie. Pour dire clairement les choses, les Nigériens n’y croient pas trop à la promesse de Bazoum Mohamed de sévir contre ceux qui confondent les deniers publics à leurs épargnes personnelles. Du moins, les citoyens veulent juger sur pièces le président de la République. En attendant, le désenchantement des Nigériens quant à la gouvernance politique demeure grand. Et ce n’est pas demain la veille que les choses vont changer. La paix, la stabilité, le développement, le recul de la pauvreté, sont autant de quêtes hors de portée des Nigériens. C’est en tout cas le sentiment dominant au sein de l’opinion publique.
Sidi Tiégoum