Au Niger, Ikta Mohamed devient le tout premier ministre de la Justice en exercice à être visé par une plainte de la part d’un agent sous sa tutelle. C’est un doux euphémisme, le Garde des Sceaux multiplie les déconvenues.
L’art du népotisme
Avant d’endosser le costume de garde des Sceaux le 29 novembre 2021, Ikta Mohamed a dirigé le Conseil Nigérien des Utilisateurs des Transports Publics (CNUT) où il ne s’est pas distingué par ses qualités managériales. Ne se serait-il pas plutôt illustré par sa propension au népotisme via notamment des emplois de complaisance ? En sa qualité de ministre de la Justice, force est de souligner qu’il multiplie les déboires. Tous les projets de réforme et autres mesures novatrices initiés par le garde Sceaux, ont été littéralement torpillés. Pour rappel, Ikta Mohamed s’est attelé à un projet de texte instituant un deuxième Tribunal de Grande Instance à Niamey. Cette initiative pour le moins ambitieuse a été stoppée net pour des ‘’raisons d’inopportunité’’ (c’est du moins la justification officielle). Dans le même élan, le ministre de la Justice a prévu de faire remplacer Chaibou Moussa, l’actuel procureur de la République du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey. Nouvel échec pour Ikta Mohamed. Son projet est balayé d’un revers de main.
Visé par une plainte
En plus de rencontrer des réticences très fortes dans l’exécution de ses projets, le ministre de la Justice irrite au plus haut point une grande partie de ses collaborateurs. C’est ainsi que le Directeur des marchés publics et le Directeur des ressources financières et du matériel (DRFM) ont préféré rendre leurs tabliers plutôt que de subir les frustrations que leur cause Ikta Mohamed. Récemment, c’est au tour de la logisticienne du ministère de la Justice de se sentir à l’étroit. Amina M., c’est son nom, a tout bonnement décidé de porter plainte contre Ikta Mohamed. Ce dernier devient ainsi le tout premier ministre de la Justice en exercice à être traîné devant les tribunaux par un agent sous sa tutelle. Pour une première, c’en est une. Au vu de ce qui précède, Ikta Mohamed peut-il encore conserver son fauteuil de garde des Sceaux ? C’est la question sur toutes les lèvres.
Partira, partira pas ?
Après un début de quinquennat totalement atone, Bazoum Mohamed doit s’atteler à donner plus de souffle à ses actions à la tête de l’État. Les observateurs de la scène politique nationale s’accordent à ce sujet. En novembre 2021, le président de la République a raté l’occasion de donner de la vitalité au gouvernement en procédant à un remaniement ministériel en profondeur. Bazoum Mohamed s’est contenté d’un mini-lifting dont le fait marquant est l’éjection d’Alkache Alhada du ministère de l’Intérieur et son remplacement par Hamadou Adamou Souley. L’arrivée de Ikta Mohamed au département de la Justice n’a pas permis d’atténuer la défiance réelle que suscite la justice et de restaurer la confiance des citoyens envers l’institution qu’il administre. La question est désormais est la suivante : au vu de ses nombreuses déconvenues, le garde des Sceaux peut-il encore rester à son poste ? Bazoum doit trancher cette question et vite et il n’a pas beaucoup de temps. En attendant, c’est un fait, Ikta Mohamed n’a surtout réussi qu’à créer des frictions entre lui et ses collaborateurs au risque d’entraver la bonne marche de son ministère.